Quels aménagements en IEF avec un enfant malvoyant ou aveugle ?

Quels aménagements en IEF avec un enfant malvoyant ou aveugle ?

Que l’enfant porteur d’un handicap visuel soit instruit en famille ou à l’école, une adaptation de son environnement et des méthodes d’apprentissage sera nécessaire. L’intérêt de l’IEF, c’est qu’il sera alors possible de personnaliser l’espace et les ressources pédagogiques aux besoins de l’enfant. Alors comment pratiquer l’IEF avec un enfant malvoyant ou aveugle ? Quels aménagements mettre en place ? Il n’existe pas de réponse unique. Cet article explore les différentes optimisations possibles, notamment en termes de stratégies d’enseignement. Sans oublier le recours aux ressources communautaires et professionnelles. 

Comprendre le Spectre de la Déficience Visuelle

Aveugle ou malvoyant ?

Une personne est dite malvoyante quand sa capacité visuelle, réduite, ne peut être complètement corrigée à l’aide de lunettes ou de lentilles de contact. Une personne malvoyante peut donc avoir une acuité visuelle suffisante pour détecter des mouvements, des formes et des quantités de lumière.  Mais les détails fins nécessaires pour la lecture traditionnelle ou le travail de précision ne lui sont pas accessibles.

Une personne aveugle connaît une perte de vision, non corrigée par des moyens conventionnels tels que des lunettes ou des chirurgies. Cela concerne les individus ayant une absence totale de vision et ceux pouvant percevoir de la lumière, mais pas les formes.

Juridiquement, si l’acuité visuelle du meilleur œil, après correction, est :

  • inférieure à 4/10ᵉ et/ou le champ visuel est réduit à 20°, alors la personne est considérée comme malvoyante ;
  • inférieure ou égale à 1/20ᵉ et/ou le champ visuel est limité à 10°, alors l’individu est légalement aveugle.

De la perte d’acuité visuelle à la cécité : chaque situation est différente 

Les personnes dont la vision est impactée, peuvent manifester :

  • des anomalies dans la perception des couleurs, qui perturbent la compréhension de documents basés sur des nuances colorées ;
  • de la photophobie ;
  • une vision de loin floue, qui altère la lecture d’affichages, etc. ;
  • une vision de près, très rapprochée, impliquant un champ visuel restreint ;
  • une vision tubulaire, comme si on regardait à travers un trou de serrure ;
  • une vision périphérique avec un champ visuel central altéré, qui gêne la lecture ;
  • un nystagmus (secousses rythmiques des globes oculaires), etc.

Par ailleurs, chacun gère sa déficience visuelle à sa manière, avec ou sans dispositifs d’assistance, avec plus ou moins de lenteur, de fatigue, d’autonomie. Chacun vit son handicap différemment, avec des degrés divers d’acceptation personnelle et de la part de son environnement, d’isolement ou de socialisation. 

De fait, les conséquences sur l’apprentissage, tant au niveau du vécu physique qu’émotionnel, varient d’un enfant à l’autre. 

Apprendre à lire et écrire quand on est malvoyant ou non-voyant

C’est une inquiétude naturelle et légitime pour les parents : comment un enfant malvoyant ou aveugle pourra-t-il apprendre à lire et écrire ?

L’enfant dont un sens est altéré, voire non fonctionnel, va compenser en renforçant les autres. Un enfant malvoyant ou non-voyant aura généralement un toucher plus précis, une ouïe plus fine, un odorat plus développé. Pour l’accompagner dans ses apprentissages, rien de mieux que de nombreuses activités sensorielles et beaucoup de manipulation. 

L’apprentissage de la lecture et de l’écriture pour un enfant non-voyant

Le braille est le principal moyen de lecture des personnes aveugles. Pour s’initier à ce système d’écriture et de lecture, il est possible d’utiliser des plaques de Lego. L’enfant identifie au toucher un objet, il retient le son d’attaque. Puis il découvre et retient la lettre en braille associée, réalisée sur la plaque de Lego avec les petits éléments. Il existe même les Lego brailles bricks, une méthode ludique pour apprendre le braille. Vous pouvez aussi faire appel au réseau de bénévoles de l’association Valentin Haüy ou aux ressources du site « enfant aveugle ».

Pour la lecture et l’écriture en braille, il existe plusieurs outils ou technologies, à choisir en fonction des besoins :

  • La plaquette à poinçonner, méthode traditionnelle, économique, portable, demande plus de temps et d’effort que les solutions modernes.
  • La machine à écrire en braille ou Perkins Brailler, dotée de touches reproduisant l’alphabet braille, permet de produire du texte en braille sur du papier spécial.
  • Les imprimantes braille ou embosseuses, éditent des textes en braille à partir d’un ordinateur. Un logiciel convertit les textes issus de document standard, en braille.
  • Les plages braille électroniques se connectent à un ordinateur, une tablette ou un smartphone via Bluetooth ou câble. Ces plages affichent dynamiquement le texte en braille avec des pins qui montent et descendent pour représenter les caractères. L’utilisateur lit le texte avec ses doigts au fur et à mesure qu’il défile. 

L’enseignement de la lecture et de l’écriture pour un enfant malvoyant

Et pour un enfant malvoyant, qui n’a pas forcément besoin de recourir au braille, comment se passe l’apprentissage de l’écriture et de la lecture ?

Prenons l’exemple du fils d’une amie, malvoyant. Il a appris à lire grâce à des documents adaptés en Verdana, gras, taille 26. Et il est bien embêté pour le bac puisque le ministère de l’Éducation nationale ne propose que trois polices d’écriture : Arial 16, 20 ou 24.

Pour un enfant malvoyant, il est possible dans le cadre de l’IEF d’adapter les supports à l’acuité visuelle de l’enfant avec  :

  • l’utilisation des lettres rugueuses Montessori par exemple, puis de l’alphabet mobile pour apprendre à encoder et décoder ;
  • l’utilisation de matériel (documents, livres, écrans) avec des gros caractères et un fort contraste ;
  • des technologies d’assistance comme des loupes manuelles ou électroniques pour voir les détails d’une image, d’un texte, des logiciels de grossissement d’écran, des caméras de lecture qui projettent des textes ordinaires agrandis, extraits de livres, magazines, etc.
  • un éclairage adapté.

Quant à l’écriture, l’enfant peut conserver les interlignages utilisés lors de l’initiation, puis utiliser l’ordinateur. Taper sur un clavier sans regarder ses doigts s’apprend relativement rapidement. 

 Comment pratiquer l’IEF avec un enfant malvoyant ou aveugle ?

Au-delà des spécificités d’adaptation pour l’apprentissage de la lecture et de l’écriture, d’autres aménagements vont favoriser l’instruction d’un enfant malvoyant ou non-voyant. L’idée est notamment de s’appuyer sur leur audition et leur toucher, avec un recours à l’oralisation et à la manipulation : 

  • descriptions verbales des images, des graphiques, des ressources visuelles utilisées ;
  • enregistrements audios des textes à analyser, des leçons… ;
  • manipulation avec, par exemple, le matériel de mathématiques Montessori qui permet d’aborder les concepts au programme du collège en numération et géométrie, le matériel de grammaire pour l’analyse des phrases, les maquettes pour les notions de géographie, etc.

Découvrez de nombreuses ressources matérielles pour les enfants malvoyants en IEF.

Par ailleurs, à la maison, vous avez la possibilité d’aménager l’espace de travail de façon optimale pour votre enfant malvoyant ou aveugle : 

  • environnement libéré des obstacles et favorisant le développement de l’autonomie ;
  • rangement optimisé du matériel pour qu’il soit facilement accessible à l’enfant ;
  • murs épurés, pièce éloignée des perturbations sonores.

Être privé plus ou moins partiellement d’un sens demande un effort plus important de concentration. La fatigabilité peut rapidement se faire sentir. En IEF, vous pouvez adapter le rythme et les expériences d’apprentissage. 

Enfin, en IEF, l’enfant intègre généralement bien plus rapidement les notions qu’en groupe classe. Cela laisse le temps de vivre des moments informels d’instruction, qui aident l’enfant à apprivoiser son handicap :

  • soins de rééducation ;
  • expériences avec des animaux comme l’équithérapie ;
  • sorties avec d’autres familles en IEF, dans la nature, aux musées, à la bibliothèque hors temps de forte fréquentation, etc.

Ces temps de socialisation, en petits groupes, avec éventuellement des enfants également déficients visuels, peuvent être très profitables pour l’épanouissement de votre enfant. 

Votre enfant est malvoyant ou aveugle, n’hésitez pas à partager votre témoignage sur la page Facebook d’IEF Pass-Education. Cela pourrait être utile à d’autres familles.

 

Elsa Boulet, du blog Mes Petits Curieux pour Pass-education